Primum Mobile

2024. Primum Mobile est une œuvre sonore et cinétique composée d’un rotor auquel est fixé un ensemble de anches métalliques vibrant selon différents schémas d’activation.

Arrimée au plafond et tournoyant rapidement au-dessus du public, l’installation produit des turbulences aériennes et acoustiques dont la charge machinique, cyclique et répétitive, pointe subtilement vers la catastrophe environnementale et techno-informatique qui guette l’humanité. En se propageant de manière quasi ubiquitaire dans l’espace, les bourdons émis par l’objet et leurs textures renvoient parallèlement à une ère où tous les champs de l’activité humaine sont absorbés et guidés par le data. L’évocation d’une omniprésence systématisée des technologies informatiques engage à la fois une part de fascination et d’appréhension et cette tension est renforcée par la structure formelle et opérationnelle de l’hélice dont l’effet de suspension, dominant la salle et semblant planer au-dessus du public, suggère la présence panoptique d’un drone en action.

Faisant écho à certaines pratiques minimalistes en musique, l’oeuvre emploie des structures harmoniques simples qui évoluent lentement, de manière cyclique et répétitive, allant à certains moment jusqu’au bruit. En étant concrètement spatialisées par un dispositif mécanique, les anches engendrent un ensemble complexe de résonances et variations microtonales. La simplicité linéaire de l’objet en mouvement, qui transforme son espace d’accueil en un territoire ondulatoire pouvant être navigué, n’est pas sans rappeler certains pans de la sculpture minimaliste qui engagent pleinement le lieu en sollicitant une réception active et spatiale, à distance d’une contemplation passive et désincarnée.

Ce projet est né d’abord d’une réflexion sur le son considéré comme vibration de la matière par laquelle s’établit une relation dynamique entre des corps, suscitant le désir de produire une composition dont l’expérience serait déterminée en partie par le jeu entre les émetteurs en mouvement et le corps percevant l’espace. Une approche sculpturale et immersive est privilégiée, la pièce étant pensée comme un environnement où des fréquences émises en continu et de manière cyclique incitent quiconque s’y trouve à plonger dans un état méditatif où l’expérience du temps dépasse la temporalité de la composition.

Crédits

Conception
Simon Laroche

Consultant acoustique
Philippe-Aubert Gauthier

Résidence de production
La Chambre Blanche

Remerciements
Louise Boisclair
Institut Milieux
Projet EVA
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